Milieu de Septembre 2017, un mercredi après-midi. Le temps est encore beau et chaud pour la saison, un été indien comme en disent certains. Alors les couloirs de Poudlards sont désertés, à l'instar des extérieurs. La cour regorge de jeunes gens en ébullition, tous ayant bien du mal à se mettre dans le travail, avec un soleil pareil. A cette saison, d'habitude, la cour est calme et peu empruntée, les élèves investissent les salles de classes, et la bibliothèque. Pourtant aujourd'hui, c'était tout l'inverse. Le calme pesant des escaliers de pierre fut simplement brisé par des talonnettes de chaussures. Un pas pressé, assuré, presque agressif. Un uniforme aux couleurs des Poufsouffle, un insigne de préfet sur le blason. Les cheveux lui tombant dans les yeux, et les lèvres serrées comme s'il allait mordre quelqu'un... Felip se dirigeait vers la bibliothèque, visiblement agacé. Ce n'était pas dans ses habitudes de pester comme ça, lui qui passe son temps à ricaner bêtement, de tout et de rien. Un vrai Serpentard dans l'âme, pourtant si attaché à ses couleurs jaune.

- Enzo!

La voix un peu railleuse du Poufsouffle résonna avec écho dans la bibliothèque, alors qu'il venait à peine d'en passer la porte. On lui avait dit que son ami s'y cachait pour éviter une groupie. Pourtant la salle semblait déserte. Il ne voyait même pas la surveillante des lieux, habituellement tellement chiante dès qu'on ose prononcer un mot "dans un lieu de calme et de sérénité, ou l'âme doit s'évader". Felip lui avait rit au nez en première année, lui demandant si son âme à elle, ne pouvait pas s'évader un peu plus loin et le laisser causer en silence avec ses potes. Ca lui avait valu 50pts perdus, mais il avait bien animé la galerie ce jour là. C'était d'ailleurs cette fois là qu'il avait commencé à forger son nom.

- T'es ou mi amore, j'ai besoin de tes bras musclés, Superman!

"Chuuuuut". Ha si, madame la chiante était là. Bien droit, le dos cambré, Felip se tourna vers le son de sa voix. Elle fronçait les sourcils à son attention, et lui fit un signe de la main, comme si elle allait lui mettre une claque.

- Je vous en prie, vous gênez pas.

Répliquât-il avec ironie, avant de se pencher en sa direction.

- Vous voulez que je fasse chut pour le fantômes de la bibliothèque peut-être ? Allez hanter une autre salle, j'ai une affaire urgente là.

Elle pesta, outragée, et se tourna vers son bureau en marmonnant ce qui semblait être une injure, et une promesse de lui faire perdre des points, ou une bourse, ou quelque chose comme ça. Lui ne s'y attarda pas, se contentant de tourner dans les étagères jusqu'à ce qu'il aperçoive Enzo. Affalé dans le fond d'une chaise, les jambes étalées sur une table, et visiblement en train d'avaler un paquet de bonbons. Il avait ses écouteurs sur les oreilles, pas étonnant qu'il ne l'ai pas entendu. Felip en roula des yeux, et se faufila derrière lui pour lui ôter les écouteur, et lui coller un baiser dans le cou, juste pour l'emmerder. Enzo est un brun macho, il déteste ça, mais avec Felip, c'est différent. Leur amitié dure depuis des années, depuis la primaire. Inséparables, ils jouent souvent sur leur relation, surtout depuis que Rita essaie de faire croire que Felip est gay. Que la gente féminine se rassure, ces deux là sont les plus hétéro de l'école, du moins, ils aiment bien l'idée.

- Me voilà outré, d'un tel manque d'attention de ta part!

Pestat-il avant de lui claquer la nuque. Il laissa retomber les écouteurs sur les cuisses du serpentard, et vint s'assoir sur la chaise voisine, s'y affalant aussi glorieusement que son ami.

- Faut que tu m'aide, y'a un co****d de ta maison qui veut me fracasser la tête. Tu comprendra que je compte conserver ma jolie gueule d'amour.

Le pire c'est qu'il n'avait rien fait pour mériter ça. Depuis quand s'amuser à coller les casiers à la glue entraîne une telle sentence ? L'air totalement détachée de cette histoire, il piocha une poignet de bonbon qu'il engouffra dans sa bouche.

Felip savait bien qu'il ne risquait rien avec Enzo. C'était comme ça depuis leur plus tendre enfance. Même qu'une année, ils s'étaient amusés à faire croire qu'ils étaient tous les deux, en couple. Bon le côté séducteur de Enzo les avaient vite trahi, mais sur le coup, ils avaient fait quelques soupçons quand même. « Qu'est ce que t'as fait encore ? J'attend de savoir si c'est mérité, j'voudrais pas me déplacer pour rien » Hé ?! Depuis quand son chevalier servant lui refusait une quête telle que celle ci ? Dès qu'il s'agit de briser des nuques, il est toujours le premier à se proposer.

- Mais j'ai rien fait, c'est ça le pire!

Il est toujours peu crédible quand il joue les victimes. Parce qu'à l'évidence, avant d'être une victime, il est toujours coupable d’homicide. Et volontaire. Parce que certains font des conneries sans le vouloir, et se retrouvent au mauvais endroit, au mauvais moment. Lui ce n'est jamais son cas. « Tu sais qu'un jour tu devras apprendre à être viril et à te sortir de ce genre de situation sans moi ? J'suis toujours dispo pour te filer deux trois cours de boxe mon vieux. » Il soupira en fronçant les sourcils. Un long soupir de gamin pourri gâté, à qui on aurait refusé, pour la première fois de sa vie, le dernier jouet de ses souhaits. Il laissa retomber sa tête en arrière, la nuque reposant sur le dossier arrière de sa chaise, et se mit à fixer le plafond.

- La légende Captain America s'éteint.

Mauvais joueur.

- J'ai voulu éviter de gaspiller le fond de la super glue de l'autre soir.

Quand ils se sont amusés tous les deux, à remplir le fond des chaussures du concierge avec de la colle. Oué, le genre de débilités qu'ils sont capables de faire tous les deux, dépassent l'entendement.

- Du coup j'ai juste voulu faire une blague aux Serpentard en collant quelques casiers. C'était pas méchant, tu tire dessus avec tes bras stéroïdés là, et ça s'ouvre. Ils font chier pour rien tes potes. Ils sont susceptibles j'te jure...

Tirant le paquet de bonbons vers lui, il releva la tête et en attrappa quelques un qu'il fourra dans son bec.

- Aller, casse lui la tête à Murder, et en échange, j'te promet que laisse la Pest... Emir tranquille au moins deux jours.

Il avait pourtant raison Enzo, il serait temps qu'il apprenne a se battre tout seul. Surtout que ça lui servirait avec le dit Emir. Ca lui éviterait de se prendre des raclés tous les matins, et de finir à l'infirmerie. Quoi que visiblement, il aime bien ses têtes à têtes avec l'infirmier.

- J'te file un ticket avec une Poufsouffle!

Encore faudrait-il que lui même parvienne à en pécho une.