Tu ne comptes plus les jours depuis ton arrivée, Echo.
Tu ne comptes pas les nuits passées dans ton nouveau chez toi.
C’est encore tout drôle dans ta tête. Te dire que cette école est ta nouvelle maison est difficile à imprimer dans ta petite tête blonde. Ça te fait aussi bizarre de te dire que tu ne croiseras plus Madame Jones chaque matin lorsqu’elle venait échanger son journal avec le vôtre devant ta porte d’entrée. C’est tout drôle de devoir abandonner 20 ans de repères pour t’en former des nouveaux. Tu étais enfant unique et maintenant tu partages ton dortoir avec trois autres filles. Au départ, tu avais peur de partager ta chambre avec des inconnues, mais tu as été rapidement rassurée lorsque tu as fait la rencontre d’Eira. Il n’a étrangement pas fallu beaucoup de temps pour que tu daignes lui parler. L’histoire à simplement réussi délié ta langue. Cependant, tu ne parles pas aux autres filles qui occupent les lits voisins. Pas encore.

Tu n’aurais jamais pensé trouver, un jour, une école apaisante, Echo. Pourtant, tu trouves que les couloirs de ton université, tantôt bouleversé par le calme, tantôt bercés par le bruit des pas et celui de conversations animées, sont particulièrement apaisants. Tu aimes t’y balader la journée, lorsque tu ne te perds pas. Ça te permet de te familiariser avec les lieux. Tu aimerais connaître Poudlard sur le bout des doigts, te déplacer à l'aveuglette. Et puis, en marchant au milieu des autres étudiants, tu as parfois l’impression de rentrer dans une bulle rassurante. Ta bulle.

Ces couloirs sont interminablement longs et, malheureusement pour toi et ton maigre sens de l’orientation, se ressemblent tous. Néanmoins, tu es presque certaine que ce n’est pas la première fois que tu passes devant ce tableau. Il représente une jeune fille en robe bleu. Elle semble tenir avec force un livre contre sa poitrine et tu jurerais que son regard te suit alors que tu poursuis ta route à la recherche des toilettes. Tu as entendu dire qu’il y avait des toilettes à tous les étages alors, perdue au quatrième, tu persistes.
Tu as commencé à les chercher il y a une bonne vingtaine de minutes à vue d’œil. Tu as de plus en plus envie de faire pipi mais il est hors de question pour toi de demander ta route à des inconnus. Tu croises les doigts pour repérer le visage familier de Felip, d’Eira ou bien même celui de Logan ; mais ils ne sont pas là et tu soupires. Tu aurais sans doute pu envoyer un message à ta camarade de chambre si tu n’avais pas la fâcheuse manie de laisser ton téléphone dans ton dortoir. Hors-mi pour les appels et les SMS ton téléphone ne sert à rien ici. Alors tu ne l’utilise que le soir pour communiquer avec tes parents et ta grand-mère. Un peu aussi, pour te réveiller le matin.

- Où sont ces fichus toilettes ? Tu marmonnes dans ta barbes en tournant sur toi-même. Tu cherches une indication ou même un groupe de fille un peu trop bruyant qui pourrait indirectement t’indiquer le chemin à suivre… Mais rien.

J'ignore si la fatigue se lit sur mon visage mais si ce n'est pas le cas croyez-moi, elle est bien présente. Oh je ne blâmerais pas notre parfaite réplique de Poudlard pour ça! Au contraire, je plaide coupable. Oui, mon crime se résume à regarder plusieurs films téléchargés cet été (j'ai fais un sacré stock faut dire, un bon petit disque dur externe d'1 to rempli de films et séries en tout genre). Je ne vois jamais l'heure passer quand je suis sur l'ordi' et même si c'est l'une de mes passions, parfois je m'en veux d'y être autant attaché. Le réveil étant difficile, je traine des pieds et m'aperçois que même Felip n'est plus dans la chambre. Merde, j'suis en retard ? bah tant pis, on ne peut pas dire que je sois un élève dissipé, un retard ou deux dans une année c'est rien. « Veuillez excusez mon retard.» La matinée passe bien lentement. Le coude sur mon bureau et ma tête péniblement posé sur ma main, je soupire silencieusement toutes les cinq minutes en priant intérieurement que ce dernier cours se termine rapidement. Sans pouvoir me contrôler, je baille, attirant ainsi l'attention du professeur et des élèves. Je lève simplement la main en guise d'excuse (si j'ai honte ? non, j'm'en fiche) puis commence à ramasser mes affaires cinq minutes avant la fin de la leçon...je sais que les instituteurs n'apprécient pas ça mais qu'à cela ne tienne, j'ai la dalle! L'heure du déjeuner arriva enfin et d'un pas rapide, je suis le troupeau d'élèves et me balade dans les couloirs...je sais pertinemment que je dois me rendre à la salle commune pour déjeuner mais aujourd'hui je suis pas vraiment d'humeur à slalomer entre les étudiants pour atteindre la table des jaunes. Ayant prévu le coup ce matin, j'ai pris de quoi manger pour un régiment dans mon sac ce matin (nourriture provenant de mon stock de collation de minuit). Espérant trouver de la compagnie et surtout un calme absolu (mais ça c'est peine perdue) je continue d’errer dans les longs et interminables couloirs de Poudlard. « Tient ? » Alors que j'étais à la recherche d'Eira et d'Echo, je tombe sur l'une d'elle, visiblement perdue (ce que je comprends parfaitement, j'étais exactement pareil en première année! J'en étais même venu à penser que j'aurais du me faire tatouer les plans de l'université dans le dos comme Michael Scofield dans Prison Break). « Echo ? tout va bien ? »

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Tu as la maudite impression que tu vas tourner dans ces couloirs du quatrième étage pendant des heures avant de réussir à trouver ces maudites toilettes. Aucune indication, aucun groupe féminins qui ressent le besoin pressent de se réunir aux toilettes ; comme si le monde se liait contre ton envie pressante. Tu scrutes pourtant la moindre porte autour de toi, tu guette le logo qui pourrait t’indiquer qu’elles ne se trouent pas loin… Si tu n’étais pas aussi timide, tu proposerais à l’université de mieux indiquer le chemin pour les petits nouveaux comme toi qui ne savent jamais où se rendre. Ce château est tellement immense, il sort tout droit d’Harry Potter, c’est vrai, mais il est tellement facile de se perdre à l’intérieur que ça te déboussole. Toi qui n’as jamais eu de sens de l’orientation.
Soudainement, une voix que tu connais quand même plutôt bien résonne dans ton oreille et tu te tournes vers celui qui pourra sans doute être ton sauveur de la journée :

- Logan ! Tu as la fâcheuse manie de t’exclamer avec le prénom de la personne qui te fais face quand tu ne t’attends pas à la voir, il faudrait que tu arrêtes. Je me suis perdue… Tu lui réponds gênée en  baissant les yeux un bref instant. Je cherche les toilettes depuis vingt minutes, tu pourrais m’aider ?

Il n’a pas le temps de te répondre ou pas le temps de t’indiquer les toilettes qu’une tornade aux cheveux bouclé se dirige droit sur vous. Tu n’as pas le temps de faire signe à Logan de s’écarter et de t’écarter toi-même, Eira vous rentre dedans et tous ses livres s’étalent par terre. Tu la regardes amusée, Eira est une boule d’énergie et tu as de la chance que ça soit ta camarade de chambre. L’expression qui s’échappe de tes lèvres t’amuses un peu plus, puis tu te baisses pour l’aider à ramasser ses livres.

- Pourquoi courais-tu ? Tu oses lui demander ses lèvres entre tes bras, te relevant en même temps qu’elle avant de lui tendre toutes ses affaires.

Tu attends toujours de pouvoir aller faire pipi mais tu supposes qu’ils auront bien le temps de te montrer le chemin pour que tu puisses enfin pouvoir soulager ta pauvre vessie qui hurle. Ou alors, tu peux tout aussi bien te faire pipi dessus, mais tu n’imagines pas la honte qui s’abattrait sur toi à cet instant précis, vaut mieux éviter que ça arrive.