S'il y a bien un truc au quel Poudlard peut être habitué à présent : C'est dire adieu à son calme et sa sérénité, dès que Septembre arrive. L'université, c'est pourtant là qu'on est sensé avoir à faire à des élèves plus sérieux, plus calme, plus mûrs aussi. Mais c'est sans compter sur Enzo et Felip. Parfois même May, bien qu'elle soit surtout la balance entre les garçons. Qu'elle leur rappelle plus facilement les règles de l'école. Parmi ces règles, on notera d'ailleurs qu'il est fortement déconseillé de se balader dans la foret et les bois environnants, après le coucher du soleil, afin d'éviter les ennuis, et les blessures. Mais il fait encore chaud en cette saison, et Felip et Enzo n'avaient guère l'envie de se coucher. Ni même de rentrer au château. Alors les deux garçons, encore affublés de leurs uniformes aux couleurs de leurs maisons, s'étaient faufilés par les sentiers, juste après le dîner. Ils avaient passé la soirée à parler de leurs rentrée, des filles, de leur avenir, puis il avaient commencé à faire les singes dans de petits arbres. Se pendre par les jambes la tête en bas, c'était dignes des plus grands gamins de leur espèce. Et c'était au premier qui lâcherait. Le tout en se chatouillant, ça accélère la défaite. Et comme d'habitude, Felip était le premier à lâcher prise, bien moins entraîné que son ami. Sauf que, ricanant, il était tombé la tête la première, avant de se retrouver sur le dos, perdant un instant, la notion des choses. Légèrement assommé, et la tête bien lourde et douloureuse, il se redressait sur les fesses, balançant doucement sa tête pour essayer de récupérer.

- Merde, putain, tu fais chier, tu viens de me ruiner 5 neurones!

Felip n'est pas doué d'une intelligence à la Cooper, mais il n'est pas dupe. Il voit bien au regard presque blasé de l'infirmier, qu'il n'a pas cru un traître mot sorti de la bouche d'Enzo. Pourtant, il ne dit rien, il se contente de fermer la porte, comme s'il avait peur d'être dérangé pendant son examen. Et il dirige le jeune Pouffy vers une salle d’auscultation. Plus petite, mais bien équipée. Felip regarde tout autour de lui avant de venir s’asseoir sur le divan. Les cabinets de médecin, il n'a jamais vraiment aimé ça, et pour être honnête, il n'y va jamais. Quand il va mal, il fait tout pour se lever, et quand il ne le peu pas, il se contente d'attendre que ça passe, dans son lit. "Alors, dis moi tout, ton lit est dans un camping ?" Felip dégluti un instant, avant de tourner la tête vers l'infirmier. Sa tête lui semblait affreusement lourde, alors ses yeux devaient avoir l'air un peu fatigués. Il se mordit les lèvres d'une petite embarrassé, avant de baissé ses yeux bleu vers le sol.

- Ce serait une idée à proposer au directeur.

Répliquât-il d'un ton innocent, posant ses mains sur le rebords du divan. Il ne releva le visage que quand l'infirmier se pencha sur son crâne pour admirer la plaie. A cet instant précis, Felip ne regretta qu'une chose : Etre tombé au mauvais moment. Pourquoi ne pouvait-il pas attendre que le cabinet soit tenu par une femme ? Il aurait eu une belle vue sur son décolleté là. "Il est en mezzanine aussi ? C'est quoi ton nom ?[/s du sauveteur passèrent sur sa blessure.

- [b]Itch... Non.

Soufflât-il en grimaçant plus fortement.

- Mais je suis tombé de la même hauteur si c'était ça la question. Felip, Felip Lohann.

Nul besoin de préciser sa maison, les couleurs en disaient long sur son uniforme. Quand à son année, il préférait la taire pour ne pas paraître plus immature qu'il ne l'est déjà. Pas question de déballer la réalité des faits, il avait bien trop peur que le jeune homme lui retire des points, alors qu'il vient à peine d'arriver. Et accessoirement, qu'il est sensé montrer le bon exemple, étant nommé préfet. Un petit silence s'installe, de courte durée, parce que rompu par la prise de tension. Les lèvres en queue de poisson, Felip scrutait droit devant lui, espérant simplement que l'infirmier se décide à lui faire avaler un anti-douleur. "T'as prit un sacré coup, tu faisait quoi ?" Il n'allait pas la lâcher avec ça hein ? Se tournant vers la porte pour vérifier qu'elle était bien fermée, il se repositionna correctement ensuite et posa de petits yeux coupables sur l'homme qui lui faisait face.

- On a voulu faire une virée dans la forêt pour la rentrée, et je suis accidentellement tombé d'un arbre...

La connerie qui n'arrive qu'au moins de 12 ans. Son âge mental quand il est en présence de ses meilleurs amis. Il soupira contre lui même et enchaîna sur une nouvelle grimace quand Mike commençait à désinfecter sa blessure.

- On est d'accord que ça restera entre nous ?

Il se pencha légèrement comme pour éviter le coton de Mike, parce que c'était bien douloureux. Hey, il n'a pas la bravoure d'un Gryffondor. Ses doigts se refermèrent alors sur le divan quand l'infirmier reprit sa besogne, et il se contenta de renifler pour ravaler sa douleur.

- C'était juste un accident bête et... Je voudrais pas perdre des points dès la rentrée.

"Si t'es sage. Tiens ça sur ta blessure de guerre." A connerie de gamin, réponse de gamin ? Levant le bras pour presser la compresse sur sa tête, Felip ne trouva rien à répondre, fermant son clapet en parfait idiot qu'il était. Il aurait pu avoir profondément honte de sa position, et de sa bêtise, mais il était bien trop habitué à cette situation. Lui et Enzo enchaînaient les détours par le cabinet d'infirmerie, et ce, depuis trois ans maintenant. L'ancienne infirmière avait un dossier complet sur leurs têtes. Et il n'était pas très glorieux. Ils avaient en moins de trois ans, trouvé le moyen de s'intoxiquer avec des champignon dans la foret, tomber deux ou trois fois en escaladant le mur du campus. On comptait des heures perdues sur les toilettes pour avoir fait des concours de laxatifs ou de gobages de poivrons. Sans compter les fois ou ils avaient provoqué des règlements de compte entre maison. Ou encore les soirées trop arrosées aux quelle Enzo survivait toujours bien mieux que Felip. Heureusement pour lui, cette infirmière n'est visiblement plus là.

L'infirmier lui tendait un verre dans le quel il avait fondu un cachet. Il le prit sans broncher, commençant à en avaler le contenu. Outre le fait que c'était un anti-douleur, c'était surtout très rafraîchissant. Il s'était tellement demandé comment éviter de perdre des points, qu'il en avait oublié la soif qui le tenait. "Tiens, gobe ça et reste assis quelques temps, histoire de ne pas risquer de tourner de l’œil. Puis te plains pas, dans mon lycée, l'infirmière avait au moins 112 ans. Bon je fais pas du 95D, désolé." Manquant de recracher le contenu de son verre, il passa son poignet devant sa bouche pour éviter à l'eau de goutter le long de ses lèvres, et il détourna de nouveau son attention vers l'infirmier. L'air de rien il avait empoigné un papier et un stylo. Est-ce qu'il avait remarqué la déception de Felip sur sa silhouette ? Ou alors pensait-il que le garçon avait fait exprès de se blesser pour avoir un rencart avec une infirmière ? Perplexe, il termina son verre et le déposa sur la tablette avant de froncer les sourcils.

- Vous croyez que je l'ai fais exprès ?

Demandât-il dubitatif, avant de pencher la tête vers son épaule. Ses yeux suivaient son infirmier, avec attention, comme s'il essayait de comprendre ou de lire les pensés du jeune homme. Il devait simplement le prendre pour un idiot. N'en n'était-il pas un après tout ? Détournant le visage vers le mur d'en face, il rajouta avec désintérêt, espérant sauver sa notoriété :

- Qu'est-ce qui vous dit que je veux fourrer mon nez dans un décolleté ? Si ça se trouve c'est pas mon trip.

Bon, en l’occurrence si, mais il ne voulait simplement pas donner raison au plus âgé. "Felip Lohann... A trébuché en se rendant aux toilettes. Paracétamol... " Il cachait réellement sa connerie ? Surprit que l'infirmier rentre dans son jeu, Felip ramena son regard vers lui, et un petit sourire s'afficha aussitôt en coin de ses lèvres. Ce type avait quelque chose d'encore plus cool que la jolie infirmière précédente. Ou alors il cherchait juste à l'amadouer pour bien s'intégrer dans l'école ? Que ce soit la première ou la seconde option, tant qu'il s'en sortait sans point perdu, Felip y trouvait son compte.

- Merci.

Sifflât-il en un murmure, son sourire s'élargissant très légèrement. Pour ça, il lui serait redevable, c'est sûr. "Puis si dans deux jours t'as toujours mal, je t’ampute." S'arrêtant un instant sur la réplique, il se redressa en fronçant les sourcils. Il voulait l’amputer de la tête ? On aurait pu penser un court instant, que Felip y avait cru. Mais ses études en archéologie lui permettait de savoir que sans crâne, tout être humain ne peu survivre. Il plissa alors les yeux vers Mike, tel un gosse essayant d'avoir le dessus sur un parent.

- Alors au moins, transplantez moi un visage pas trop moche à la place.

C'est qu'il ne s'est jamais trouvé trop moche lui, il l'aime bien sa petite gueule d'amour. Tout ce qu'il pourrait réfuté sur son corps, c'est peut-être son manque de carrure. Bien qu'avec l'âge, il commence à bien se dessiner. Il fallait juste qu'il arrête de se comparer à Enzo...

"Disons que se péter le crâne en sachant que c'est Marie-Micheline qui va te recoudre, ça fait réfléchir à deux fois avant de faire le con." Felip échappa une grimace rien qu'à l'idée. Le plus surprenant étant qu'il y ai encore de nos jours, des femmes portant le nom de Micheline. Et dire que Freya se plain de son prénom... Il avait déjà relevé les yeux au plafond, s'imaginant la scène dans sa tête, quand le grincement des roues de la chaise de l'infirmier le fit revenir à lui. Il baissa les yeux vers son interlocuteur. "Du coup tant mieux que ce soit pas une nana ce soir si ton truc c'est pas les décolletés. T'étais pas obligé de t'ouvrir la tête pour venir me demander mon numéro. Fallait le dire avant que je t'inscrive sur les transplantation de tête de chimpanzés, ça t'aurais aidé pour grimper aux arbres, mais c'est pas trop mon style." Les yeux presque écarquillés, les joues de Felip prirent une teintes rosées à la simple idée que ce type soit sérieux. Bon ok, depuis le début il n'y avait pas grand chose de sérieux chez lui, mais surprit par de tels propos, Felip avait été prit au dépourvu. Juste un peu... Ok de bonne secondes. Dans un silence d'interrogation, le jeune Poufsouffle pencha le visage vers son épaule, étudiant avec sérieux, l'allure de l'infirmier. Peut-être que lui était réellement gay ? Ce serait mal venu alors de plaisanter sur la chose. Quoi qu'il a l'esprit ouvert à première vue. Reprenant de l’assurance, et tentant de contrôler la gêne qui lui était survenue - dont ses joues qui chauffaient encore -, le jeune étudiant se redressa légèrement, laissant retomber sa main et le coton qu'il avait pressé contre sa blessure. Il avait mal au bras.

- Vous savez que faire des avances à un étudiant, ça pourrait vous coûter votre carrière ?

Lançât-il le plus simple du monde, avant de laisser un fin sourire regagner le coin de ses lèvres.

- Je veux bien votre numéro, mais je n'en ferais pas grand usage. Ok à choisir, je préfère vous que Marie-Micheline. Mais sincèrement, j'aurais pas craché sur du 95B.

Surtout que, vu le néanmoins que représentait sa vie privée depuis... Depuis bien trop longtemps. Il aurait vraiment aimé plongé son nez dans un décolleté. Ceci dit c'était plutôt glorieux de se faire tourner autour par un homme aussi. Enfin à moins que... Ceci expliquerait cela. Aurait-il l'air tellement gay que les hommes lui tourneraient autour et les filles lui montreraient le dos ? Voilà peut-être de quoi expliquer son célibat. Ok, c'est vrai qu'il avait tendance à ne porter que des slims, qu'il est légèrement efféminé - surtout avec le verni noir qu'il peu parfois mettre sur ses ongles -, qu'il adore jouer avec ses cheveux, et qu'il collectionne tout ce qu'il peu trouver à l’effigie de Bob l'éponge... Mais quoi qu'on en dise, il kiffe les nanas. Surtout Debby. Il la kiffe autant qu'elle le hait. Un jour il s'y fera. Peut-être.

Glissant du canapé, il posa ses pieds au sol, contre les conseils de l'infirmier qui le voulait immobile. Il déposa sa lingette sur le bureau et commença à faire le tour de la pièce, touchant à tout ce qu'il trouvait. Felip il est comme ça, fouineur de naissance. C'est tellement une habitude, qu'il n'en remarque même pas que cela devient mal poli aux yeux des autres. Il attrape un cadre photo, il le regarde deux secondes, et il le repose, assez maladroitement, pas vraiment à sa place d'origine. Il scrute d'autres tableaux au mur, puis les diplômes de l'infirmier, affichés sur le tableau d'information. Il ramassa d'ailleurs l'âge du dit monsieur. 27 ans ? Il le pensait plus âgé. Visiblement il en était à son début de carrière.

- Dites donc vous êtes pas très expérimenté dans votre domaine. Poudlard pourrait nous trouver des infirmiers plus expérimenté.

Narguât-il, toujours affublé de son mesquin petit sourire. Lâchant les diplômes, il revint vers le bureau de Mike, et s'y pencha pour continuer de fouiner en touchant à tout. Là, c'était un stylos qui attirait son attention. Il commença à jouer avec en appuyant et appuyant pour sortir et rentrer la mine, tout en lisant les petites publicités inscrites dans la ferraille de l'objet.

- Vous êtes marié, Mike ?

Question sous entendue... Il en avait rien à foutre de savoir si l'infirmier - dont il avait ramassé le prénom sur le diplôme - était marié, ce qui l'intéressait plutôt, c'était de savoir si il était vraiment de l'autre bord. Non pas que c'était important pour lui - Je répète qu'il lui manque quelques formes féminines! - mais ça pourrait intéressé Camille. Quitte a draguer de l'élève, autant lui en filer un du même bord.

Mike se leva en un soupir, et se dirigea vers lui. Felipe recula d'un pas quand il lui fit face, parce que ce dernier était légèrement plus grand, peut-être un peu moins de dix centimètres. Mais s'en était assez pour en imposer face à l'étudiant, qui d'ailleurs, se surprit à se demander ce que l'infirmier pouvait bien lui vouloir. Quand la main de ce dernier s’agrippa à son épaule, Felip se retourna sous sa poigne et s'arrêta de nouveau face aux diplômes. Quelque peu poussé par l'infirmier, mais toujours sur ses deux jambes. "Regarde mieux. J'ai obtenu mon BAC à 18 ans, j'ai fait mon école d'infirmier et je suis sorti diplômé à 21 ans. Là c'est la photo de mon départ du service des urgences dans lequel j'ai travaillé 6 ans et dans lequel je travaillais déjà pendant mes études. J'ai planté des aiguilles à travers des plexus, pratiqué des trachéotomies sur des bébés et massé un cœur à mains nues. Mais si tu ne me juges pas assez bon pour te donner un cachet, je peux appeler Micheline." Quand la main de Mike le libéra, Felip releva les yeux, penchant légèrement la tête en arrière. Mike venait de lui en boucher un coin, et il ne savais plus guère quoi répondre. L'infirmier s'éloignait, alors Felip se retourna, le scrutant de loin, alors qu'un léger parfum de menthe prenait possession de la pièce. Pensant qu'il répondrait à sa dernière question, Felip n'osait pas rompre le silence. Mais il comprit rapidement qu'elle resterait sans réponse. Alors il roula légèrement des yeux, et s'avança vers le bureau pour se laisser tomber dans un des sièges qui y faisait face. Il vint poser l'arrière de ses genoux sur l'un des rebords pour bras, et son dos contre l'autre. Avachi de travers dans la chaise, il posa son bras sur le dossier, et reprit alors, rompant ce silence qui semblait s'être installé pour régner.

- Je vais en déduire que non. Ou alors vous êtes divorcé ? Ou alors... Vous fuyez quelqu'un ?

Penchant sa tête vers son bras qui était sur le dossier, il passa cette main dans ses cheveux, les ébouriffant légèrement. Ce qui allait parfaitement avec son visage qui commençait à se fatiguer. De la journée et des précédentes. Parce que depuis la rentrée, Felip n'avait pas prit le temps de se reposer. Enchaînant les conneries avec Camille et Enzo, ou ses devoirs de Préfets au près des premières années. Il bailla d'ailleurs au passage.

- Je vais devoir rester en observation toute la nuit, ou vous pensez me libérer avant la fin de l'année ?

Non pas qu'il se déplaisait ici, bien au contraire. Il aurait facilement pu passer la nuit à questionner ce nouvel arrivant en terre de barges. Mais ce serait trop pour son orgueil que de le faire savoir. Surtout que si Mike était là pour toute l'année, il aurait bien le temps de percer les mystères de ce type. Il n'était qu'à sa première visite. Qui sait quand Enzo et lui feraient une indigestion de malabar, de laxatif, ou s'amuseraient à vouloir imiter les Avengers au point de se défigurer réellement l'un contre l'autre. Les dernières infirmières avaient certainement dû les prendre pour deux débiles profonds.

- Vous savez que bien que ce soit moins nocif que la cigarette, ces trucs là, on n'a pas assez de recul pour savoir ce que ça donne vraiment sur les poumons ? Vous me chercherez une tête de chimpanzé, que vous, il vous faudra déjà de nouveaux poumon.

Posant ses yeux sur le plafond, la tête en arrière, il enfourna sa main libre dans la poche de son pantalon. Il y farfouilla une seconde avant d'en sortir son paquet de cigarette. Il laissa son visage se retourner dans la direction du bureau, et balança son paquet dessus, vers Mike.

- Quitte à mourir d'un poumon, mourrez bien.

Felip n'était pas vraiment un gros fumeur, ses paquets étaient toujours plein. Mais quand il sortait entre amis, il aimait bien s'en griller une. Quand il allait mal aussi, ou en cas de stresse. La cigarette était son échappatoire. Et à ses yeux, la cigarette électronique n'était qu'une pure et bonne vielle connerie. Une machine à fric, qui dans 20 ans, sera plus nocif encore, qu'une bonne vielle simple et originale cigarette.

"Comme si j'avais eu le temps de me marier. J'avais mieux à faire. Puis je ne t'ai pas forcé à rester, je suis infirmier, pas babysitteur." Felip se serait bien taillé à cet instant précis, s'il n'avait pas trouvé sur quoi rebondir. Mais l'infirmier avait eu le malheur de sortir sa cigarette électronique, ce qui faisait parti des ennemies de Felip. Quitte à fumer quelque chose, on le fait bien. "Jusqu'à il y a peu, je canalisait mon stress autrement à l'hôpital, il fallait bien ça pour tenir le coup, les clopes ça n'aurait pas suffit." De quoi parlait-il ? Felip se sentait tout à coup intrigué. Roulant ses fesses dans son fauteuil, pour en une pirouette, se rasseoir correctement, il plaqua ses deux bras sur les rebords et enfonça son regard dans celui du jeune infirmier.

- Dans quoi exactement ?

Felip était déjà en train de se faire tous les films possibles, dans sa tête. Est-ce qu'il se droguait ? est-ce qu'il s'envoyait en l'air comme un fou ? Est-ce qu'il picolait ? Rattrapant son paquet de cigarettes sans décoller ses yeux de l'infirmier, il le fit disparaître dans sa poche. Sa bouche s'était même entre-ouverte, tant il attendait la réponse de Mike. Il était comme pendu à ses lèvres, prêt à lire dessus avant même que le son n'en sorte.

- La drogue ? ... Ne me décevez pas dans votre réponse!

Réponse qui ne viendrait probablement pas, puisque l'homme devant lui semblait aimer faire durer le suspense. Bah, s'il ne découvrait rien de croustillant ce soir, il le ferait un autre soir. Ce n'était pas comme si il n'était pas certain de revenir ici de si tôt. L'infirmerie s'était sa seconde maison, après son dortoir.

Se renfonçant dans le fond de sa chaise, il fronça les sourcils devant le silence du plus vieux. Un bras accoudé au rebord, il se caressa un court instant le haut des lèvres, juste sous le nez, comme s'il réfléchissait profondément. Comment un infirmier peut-être décompresser ?

- Vous savez que je suis voué à revenir là assez souvent ?

C'était sûrement là, un simple chantage de sa part. Pour bien lui faire comprendre que s'il ne parlait pas ce soir, il parlerait un autre jour. D'ailleurs, il en émit un sourire presque mesquin. Et reposant ses deux mains croisées sur ses cuisses, il fit un signe de tête vers la petite armoire comportant tous les dossiers de chaque élève, étant passé par l'infirmerie ces dernières années.

- Quatrième dossier, jaune, sur l'étagère du bas.

C'était l'un des plus gros, on pouvait y lire le nom de Felip, et sa date d'entrée à Poudlard, il y a maintenant plus de deux ans. Si l'infirmier avait quelconque crainte à répondre, il pourrait vite remarquer qu'il ne ferait jamais pire que Felip. Presque une page par conneries. Le concours de laxatif, de poivron, l'abus d'alcool lors d'un concours face à Enzo - qui lui a valu 24h d'infirmerie -, la fumette pas très légale qui l'a couché à l'infirmerie pendant plus de 12h - et qui lui a fait perdre 50pts -, sa vente illégale de fausse pastilles dans l'école, ou encore la fois ou il est tombé du second étage en voulant faire croire à une bande de première année que l'école était réellement hantée. Les seules personnes qui pouvaient rivaliser avec lui, c'était Enzo et Camille. Et encore!

Felip eu soudain une certaine petite déception, quand il comprit que l'infirmier n'en n'avait visiblement rien à faire de son dossier. Au lieu d'aller le chercher, il se penchait vers le bureau, à tel point que la fumée de sa cigarette venait fouetter les joues du jeune Poufsouffle. Il y avait néanmoins quelque chose de changé dans son visage. Il paraissait plus rusé, plus malin, comme si toute la discussion finalement, l'amusait. Comme s'il prenait un malin plaisir à faire tourner Felip en bourrique. Tendis que ce dernier s'amusait à le faire chanter. Finalement chacun y trouvait son compte. Peut-être que le décolleté de l'ancienne infirmière allait vite se faire oublier. certes la vue était moins sexy, mais l'enjeu était plus drôle. Mike avait l'avantage d'être encore jeune, et donc, de pouvoir faire naître une certaine complicité avec ses patients étudiants. Ce qui visiblement, naissait ce soir. "Tu penses qu'il est conseillé pour des infirmiers, infirmières et médecins urgentistes de se droguer en service ?" Justement non, mais lui n'étant pas un modèle de respect des règles, il pouvait facilement s'imaginer qu'il n'était pas le seul dans ce cas. Il haussa alors simplement les épaules, sans décrocher ses yeux du visage d'en face.

- Parce que vous faites toujours ce qu'on vous dit ?

Le visage du plus âgé s'approcha encore un peu, et méfiant, Felip eu le réflexe de se reculer légèrement. Il ne connaissait pas encore assez bien cet homme pour être certain qu'il ne franchirait pas des limites douteuses, et bien qu'il commence à l'apprécier, il n'en restait pas moins naïf. Il tendait tout de même l'oreille, attentif, ayant cependant, cette fois, scellé ses lèvres comme pour se protéger. "Le sexe." ... Ok, c'était peut-être intéressant, mais légèrement décevant. Il s'attendait à quelque chose de plus ouf. Il se renfonça dans le fond de son siège lui aussi, et roulant doucement des yeux, il reprit d'un petit ton presque blasé :

- C'est tout ? Ça n'a rien d'extraordinaire, tout le monde s’envoie en l'air pour se changer les idées.

A moins que par la, il n'entende des plans à trois, et encore. Bien que ce ne soit pas le trip du jeune étudiant, ça restait monnaie courante. Un léger soupir lui échappa. Presque volontaire d'ailleurs, comme s'il voulait bien faire comprendre à Mike, qu'il baissait dans son estime. Il se hissa alors hors du siège, et vint chercher sa veste restée sur le divan. Tout en se retournant vers Mike, il enfila son par dessus, et seulement là, son taquin sourire, caché en coin de ses lèvres, refit son apparition.

- Je peux disposer maintenant ?

Il savait qu'il reviendrait, plus tôt que tard, alors ce n'était certainement pas fini. Bien au contraire. Chaque année, Felip a un membre du staff dans sa visée, et pour cette fois, son choix était fait.

"Je ne vais pas te forcer à rester toute la nuit pour ça. Et puis je serais obligé de dormir ici plutôt que dans mon plumard, ça m'arrange." Mouai, c'était peu convainquant. Felip avait bien l'impression qu'il attisait la curiosité de Mike, autant que pour lui d'ailleurs. Ho qu'il n'aille pas se faire d'illusion, Felip n'était pas vraiment le genre de gars qui se cherche encore et qui pourrait penser qu'il se trouverait peut-être avec l'infirmier, aussi sexy soit-il. C'était bien autre chose. Un peu comme à la rentré en primaire, quand tu fais la rencontre de celui qui sera ton meilleur ami toutes ces années, et qui peut-être, ne te quittera pas avant l'entrée à l'université. Il y avait quelque chose, et ça Felip l'avait bien comprit. Ce n'était pas une rencontre bénine. "N'assassine pas ce qu'il te reste de neurones en tombant dans les escaliers, sinon t'es bon pour la tête de chimpanzé. Puis merci pour la clope." Tirant sur sa veste pour bien l'aligner, il sourit aux jeunes hommes après s'être retourné vers lui, et lui fit un petit signe en collant deux de ses doigts l'un contre l'autre, et les pointant de son front, vers l'extérieur.

- Vaut m'en revaudrez une comme ça.

Il se faufila vers la porte, tirant dessus. Mais elle semblait verrouiller. Il eu une soudaine frayeur intérieure, s'imaginant en une fraction de seconde, qu'en réalité, Mike était un obsédé qui l'avait enfermé ici pour en faire son casse croûte de la nuit. Jusqu'à ce que ses yeux remarquent la clé dans la serrure... Se fracassant le cerveau intérieurement, il tourna la clé et ouvrit la porte. Avant de la passer, il se retourna une dernière fois vers Mike, son petit sourire encore bien pendu en coin de ses lèvres :

- Ho et merci de n'avoir rien dit. Ça, c'est moi qui vous le revaudrais!

Il passa le seuil de la porte, et avant de la refermer, il passa le haut de son corps à l'intérieur de l'infirmerie, et fit un petit signe de la main vers Mike.

- A la prochaine bosse, Docteur!

Son sourire s'élargit, presque amusé et enfantin. Il referma la porte après être totalement sorti, et cette fois ci, le voilà reparti pour le dortoir des jaunes. Le tout en rasant les murs, parce qu'il est tard, et il serait un peu bête de se faire choper dehors et de perdre des points maintenant.